Discours du vendredi 07 octobre 2016
Les leçons de l’exode
07 octobre 2016
1437 ans se sont écoulés depuis l’exode du Prophète (SWS) de la Mecque à Médine et dans le cadre de la modernisation de l’état, le Parlement du Calife Omar Ibn El Khattab a choisi pour la datation, la date de l’exode, vu l’importance de l’évènement chargé de sens et de symboliques. Parmi les sens de l’exode, notons : le refus de l’injustice, la dénonciation des injustes, la sacralisation de liberté religieuse et de l’expression.
L’exode en réalité est une contrainte et/ou mise en place d’un plan, que l’on peut appeler plan B auquel fait appel celui dont les portes été fermées et qu’il n’a pas pu concrétiser ou réaliser son projet. A travers l’exode du Prophète (SWS), nous avons à tirer une leçon à laquelle on peut y faire appel. On ne procède pas à l’exode pour fuir la situation ou le lieu qu’après réflexion, consultation, planification ce qui garantit le succès, la réussite et nous fait atteindre une situation meilleure. Le Prophète a quitté une situation sécuritaire, économique, politique et sociale dégradée à un milieu de prospérité pour la concrétisation de la transmission du message divin.
Le prophète n’a opté pour l’exode qu’après avoir constaté l’impossibilité de continuer à prêcher la mission divine à la Mecque ce qui a nécessité planification et recherche d’autres possibilités. Ainsi, il a quitté la Mecque contraint fuyant ainsi l’injustice et aspirant au retour imminent libérateur afin d’y assoir la religion de l’unicité. En partant, il s’est tenu debout à Al-Hazoura au marché de la Mecque et a dit « Par Dieu, s’ils (les polythéistes) ne m’ont pas excommunié, je ne t’aurais pas quitté, tu es la meilleure contrée de la terre de Dieu, la préférée de Dieu» (rapporté par At-Tirmidi), il a ensuite pris son chemin avec son compagnon loin de l’oppression de mécréants et de l’injustice des oppresseurs.
Notre exemple, Mohammad (SWS) a planifié pour l’exode pour épargner les vies des compagnons – que la satisfaction d’Allah soit sur eux- Oummou Salma –qu’Allah l’agréé- a dit « lorsque la situation à la Mecque est devenue insupportable pour nous, et lorsque les compagnons du Prophète ont été malmenés et lorsqu’ils ont vu qu’ils étaient éprouvés dans leur religion et que le Prophète ne pouvant repousser cela, lui qui était sous la protection de son oncle, il a dit à ses compagnons « En Abyssinie, il y a un roi auprès de qui nul injustice n’est faite à qui que ce soit, rejoignez-le jusqu’à ce qu’Allah vous garantisse issu », ainsi, nous sommes sortis et nous avons atteint le pays voisin en paix pour nous et pour notre religion » (Al-Bayhaqi dans Assounan Al Koubra). Quant aux autres, il les a orientés vers Médine après avoir reçu l’approbation de ses habitants à les accueillir, à les honorer et à les défendre[1]. Djaber a dit « Le Prophète a vécu sept ans à la Mecque et il disait : Qui m’accueillera et m’épaulera jusqu’à ce que je transmette le message d’Allah ?» jusqu’à ce qu’Allah nous a envoyé de Yethrib (Médine) pour l’accueillir, le défendre et le croire. L’homme parmi nous apprenait le Coran et le relatait à son tours à sa famille, étant convaincus du contenu des paroles de ce dernier, les membres de sa famille embrassait l’Islam jusqu’à ce qu’il y a eu un musulman dans chacun des foyers médinois. Nous nous sommes regroupés et nous avons dit : « Jusqu’à quand laissons-nous le Prophète dans la peur, pourchassé des montagnes Mecquoises ». De ce fait, 70 hommes[2] parmi nous l’ont rejoint pour lui signifier l’allégeance, nous lui avons demandé : « Ô Messager d’Allah, sur quoi porte notre allégeance pour toi ? », il a dit « l’allégeance porte sur l’écoute et l’obéissance dans l’épreuve, de dépenser dans les moments difficiles et les moments faciles, d’ordonner le bien et dénoncer l’injustice, que vous ne craignez qu’Allah, que vous m’apportez alliance et que vous me défendez comme vous défendez vos âmes, vos épouses et vos enfants et vous aurez le paradis. Alors nous avons conclu l’engagement. (Le Sahih d’Ibn Habbane).
Il prenait tellement soins de la vie des gens, que lorsqu’il était sur le chemin de son voyage, il a croisé un homme noir avec un troupeau…l’homme a dit au Messager d’Allah (BPSL) : qui es-tu ?. il a répondu (BPSL) : tu me couvriras si je te le dis ?, il a dit : oui. Alors il lui dit : « je suis Mohamed le Messager d’Allah », l’homme a dit : je veux te suivre ! Le Prophète (BPSL) lui a répondu : « tu ne peux pas aujourd’hui, retourne auprès de ton peuple et attends jusqu’à ce que tu entends que j’ai plus de compagnons et de soutien, n’expose pas ta vie à des dangers pour l’instant» (Al-Mousnad Al Jamî’). C’est-à-dire : « si tu entends que je suis de retour, que j’ai des alliés et que la religion et les musulmans deviennent libres, à ce moment-là tu peux me suivre, tandis que maintenant, ne t’expose pas au danger ». C’est la meilleure parole qui peut exister dans le respect de la sagesse dans la prédication et la prise en compte des états des individus.
Le Prophète avant de quitter la Mecque a veillé à rendre les dépôts, et a planifié la sortie avec garantie de substance, de guide et Dieu a voulu que de non musulmans assiste Son Prophète à l’image de Ibn Ourayqit qui a conduit la caravane jusqu’à Médine. Et à Médine le premier qui l’a vu ce fut un juif. Quant au Chrétiens, comme, on l’a signalé plus haut, ils ont accueilli les musulmans en Abyssinie et ainsi Enajachi a cru en le prophète et a annoncé sa conversion à l’Islam et dit : « si ce n’était le royaume que je détiens, je me rendrais auprès de Mohamed pour essuyer la terre de ses pieds » et beaucoup de son peuple ont rejoint le Prophète à Médine. Ainsi, Allah leur a récompensé doublement.
La responsabilité était partagée entre le Messager d’Allah et son compagnon de la grotte « Abou Bakr As-Sidiq » -qu’Allah l’agréé-. Ce dernier marchait tantôt devant le Messager d’Allah (BPSL) et tantôt derrière lui, alors, le Prophète lui a demandé : pourquoi fais-tu ainsi ? Abou Bakr a répondu : quand je pense au risque que tu sois poussé je me mets devant toi, et quand je pense au risque que tu sois saisi par l’arrière je me mets derrière toi. Le Prophète lui a dit : si quelque chose arrive, veux-tu être la cible ? Il lui a répondu : « si je meurs, je ne suis qu’un parmi les gens, alors que toi, tu as le message…. » Abou Bakr a contribué donc dans la sauvegarde du message de notre Prophète (BPSL). Même lorsque Souraqa les a poursuivi et qu’il était proche d’eux, Abou Bakr a averti le Prophète et pleure, ce dernier lui a demandé : pourquoi pleures-tu ?, il lui a répondu : « je ne pleure pas pour moi mais pour toi…. ». Abou Bakr a donc supporté une partie de la responsabilité de l’exode, c’est de lui qu’Allah dit : « deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon: « Ne t’afflige pas, car Allah est avec nous. » » (At-Tawba40).
Lorsque Banou Israël sont sortis avec le Prophète Moussa –que la paix soit sur lui- et que Pharaon a pris connaissance, il a regroupé son armé et les a poursuivi. De ce fait, Moussa et son peuple se sont retrouvés entre deux dangers : la mer par devant et l’ennemi par derrière. Son peuple avait la certitude de périr vu qu’il n’y avait pas d’issus devant et que l’ennemi était derrière. Mais, Moussa qui est sorti en suivant l’ordre d’Allah avait la conviction de la victoire et dit : « Il dit: « Jamais, car j’ai avec moi mon Seigneur qui va me guider » » (Ach-Chouara 62) C’est-à-dire qui va me montrer le chemin. Les Banou Israël n’avaient donc pas une partie de la responsabilité, ils n’ont fait que suivre leur Prophète qui leur a demandé l’exode….. Tandis que Abou Bakr –qu’Allah l’agréé- il était partie intégrante de la responsabilité de l’exode du Prophète (BPSL), vu qu’il a prévu la réserve, l’a accompagné dans les différentes tribus et il lui a préparé le trajet, c’est pourquoi le Coran dit « car Allah est avec nous » (At-Tawba40).
Le Prophète (BPSL) a planifié l’exode dès le début jusqu’à l’accueil. La planification a commencé par l’expérience de l’envoi de Mosâb Ibn Omaïr[3], premier Ambassadeur du Prophète, qui a réussi à faire connaitre l’Islam et a prouvé que le terreau de Médine était propice à la réussite économique, sociale et politique des migrants et ainsi, en trouvant un logement, un travail et une épouse et en connaissant la stabilité, ces derniers ont pu s’y intégrer dans la nouvelle société sans difficulté, devenant une source d’enrichissement.
Lorsque le Prophète est arrivé à Médine, il a trouvé les gens divisés en plusieurs fronts, polythéistes, des juifs et des timorés agissant discrètement, ces derniers étaient sans doute les pires. Il a laissé les communautés vivre ensemble. L’économie et le commerce était entre les mains des Juifs qui collectaient des taxes sur quiconque utilise leur marché, alors, le Prophète a acheté un terrain non loin de la mosquée et l’a dédié aux musulmans pour l’exploiter comme marché à condition de ne pas appliquer des taxes car le sol est waqf à tout le monde et nul n’y possède un endroit déterminé.
Avec les groupes politiques, le Prophète a utilisé la sagesse, a réuni tout le monde et a fait rédiger un code (un pacte entre Aouss et Khazraj et Juifs au sein de Médine). Parmi ce qu’il prévoit : (voici ce qui a été convenu entre El-Aouss et El Khazraj et les Juifs au sein de Médine, chaque groupe prend en charge les siens – ils s’entraident entre eux- et ne doivent pas protéger les criminels et les délinquants. Que celui qui loge untel supporte une responsabilité, que l’ordre dans la ville est ainsi comme convenu dans le pacte, que s’il y a divergence entre vous sur une interprétation d’une clause du pacte, alors référez-vous au Messager d’Allah (BPSL)…que l’engagement des Juifs portait sur le fait de ne pas aider un ennemi et de ne pas tarder à lui apporter le secours en cas de nécessité.
La planification et l’effort – après que les cœurs fuient à Allah- est nécessaire à celui qui veut emprunter la bonne voie à l’instar de ce qu’a fait le Prophète (BPSL) et ses compagnons, il est important ensuite d’accepter le destin qu’Allah a tracé et d’en avoir la certitude que le bien, tout le bien est pour la justice et les justes, la promesse d’Allah prévoit que « Nous secourrons, certes, Nos Messagers et ceux qui croient, dans la vie présente tout comme au jour où les témoins (les Anges gardiens) se dresseront (le Jour du Jugement), au jour où leur excuse ne sera pas utile aux injustes, tandis qu’il y aura pour eux la malédiction et la pire demeure. » (Ghâfir 51-52)
Que la prière et la paix soient sur le Prophète et sur son foyer