Discours du vendredi 26.05.2013 « Comment peut-on délaisser et se prémunir du péché de la fornication ? » (P2)
Nous avons évoqué la semaine dernière le terme « Turpitude » que nous avons défini et nous nous sommes attardés par la même occasion sur l’une des turpitudes à savoir « la fornication et l’adultère ». Ainsi, nous avons vu, rappelez-vous, les dangers de la fornication et ses atteintes au niveau personnel, familial et sociétal. Un phénomène qui désagrège tout, à son passage. Voyons aujourd’hui, comment peut-on délaisser ce grand péché ?
Premièrement, il faut avoir des principes, il faut veiller à les respecter, il faut être honnête et le demeurer quelle que soit la situation. Tout individu est responsable de ses principes, de son comportement et ne doit pas accepter leur compromission. Le Saint Coran illustre ceci lorsqu’Il relate les actions du Prophète Youssouf – que la paix soit sur lui – Ce dernier, a été sollicité par la femme d’El Aziz. Il a déclaré : « Qu’Allah me protège ! C’est mon maître qui m’a accordé un bon asile. Vraiment les injustes ne réussissent pas » (Youssouf 23). De même, la réaction de Mariam (Marie)- que la paix soit sur elle – lorsqu’elle a été confrontée à Djibril qui s’est présenté à Elle sous forme humaine, est également exemplaire. « Elle dit : « Je me réfugie contre toi auprès du Tout Miséricordieux. Si tu es pieux, ne m’approche point » (Mariam 18).
Par ailleurs, Le Prophète Mohamed (BPSL) nous a relaté l’histoire d’un homme qui a été courtisé par une femme riche et influente de la société. L’homme a refusé ses avances, déclarant :« Je crains Allah ! ». Le Prophète a également relaté l’histoire d’un homme qui s’est retrouvé piégé dans une grotte, ne trouvant aucun moyen de s’en extraire, il a imploré Allah en se rappelant une situation qu’il avait vécue avec une femme. Il a raconté : « Seigneur, j’avais une cousine que j’aimais beaucoup. Je désirais avoir une relation avec elle, mais elle a toujours refusé. Un jour, elle a rencontré des difficultés financières et m’a demandé de lui prêter de l’argent. J’ai accepté à condition qu’elle consente à avoir une relation avec moi, ce qu’elle a accepté. Cependant, quand je me suis préparé à avoir un rapport avec elle, elle m’a dit : « Je ne peux être légitime pour toi que par la voie légale ». Ceci m’a profondément touché et j’ai alors décidé de me retirer et de la laisser partir, même en lui donnant l’argent, bien qu’elle fût la personne qui m’était la plus chère. » (Al-Boukhari)
Ces histoires illustrent la posture d’hommes et de femmes qui ont compris le sens de la responsabilité. Par leur intégrité, ils ont démontré une force et une résistance exemplaires.
Allah, L’Exalté, évoque cette bravoure en disant : « Et que ceux qui n’ont pas de quoi se marier, cherchent à rester chastes jusqu’à ce qu’Allah les enrichisse par Sa grâce » (An-Nour 33). L’exégète Ibn Alarabi – qu’Allah ait pitié de son âme – a interprété : « Ceci est un message à celui qui a la maîtrise de soi : qu’il soit chaste et s’abstienne, ou qu’il se marie, mais qu’il ne s’en prive pas s’il en a la capacité ». Le compagnon Abdellah Ibn Messaoud – qu’Allah l’agrée – a dit : « Nous étions jeunes et sans ressources, en compagnie du Prophète (BPSL) qui nous a dit : « Ô jeunes, celui d’entre vous qui peut se marier, qu’il le fasse. Car, cela préserve mieux le regard et protège davantage dans vos rapports, et, celui d’entre vous qui ne peut se marier, qu’il jeûne, car le jeûne est un bouclier » (Al-Boukhari).
Le Jeûne est un moyen essentiel qui joue un rôle clé dans le développement de la volonté, chez l’individu et au sein du groupe. L’Islam exhorte au jeûne et met en lumière ses bienfaits afin que chaque personne l’adopte jusqu’à ce que cela devienne une seconde nature. Le jeûneur acquiert une force, une volonté et une détermination qui lui permettent de maîtriser son âme, de gérer ses passions et ses désirs afin de vivre une belle vie dans ce monde et d’obtenir une bonne récompense dans l’au-delà.
Deuxièmement, après avoir adopté une attitude responsable en cultivant une bonne moralité, le délaissement du péché de la fornication se fait également en préservant sa chasteté et en gardant le regard baissé. Allah, L’Exalté, s’adresse aux croyants en disant : « Dis aux croyants de baisser leurs regards et de garder leur chasteté. C’est plus pur pour eux. Allah est, certes, Parfaitement Connaisseur de ce qu’ils font. Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté » (An-Nour 30-31). Allah met en lumière les bienfaits de ces actions en déclarant : « gardiens de leur chasteté et gardiennes, invocateurs souvent d’Allah et invocatrices : Allah a préparé pour eux un pardon et une énorme récompense » (Al-Ahzeb 35). Il avertit aussi celui qui ne parvient pas à assumer sa responsabilité de préserver sa chasteté, en étant injuste envers lui-même, et qui risque la défaite dans cette vie et dans l’au-delà. Il dit : « Mais ceux qui cherchent leur plaisir en dehors de cela, sont des transgresseurs » (Al-Maarij 31) et « Telles sont les lois d’Allah. Quiconque cependant transgresse les lois d’Allah, se fait du tort à lui-même » (At-Talaq 1).
La tâche de préserver la chasteté implique de protéger certaines parties du corps du regard d’autrui. Ce principe est connu sous le nom de « recouvrement de la Awra », ce qui signifie couvrir tout ce qu’une personne pourrait avoir honte de montrer. Ce terme trouve son origine dans le mot « Aare », qui signifie honte, car il suscite la honte, l’humiliation et le péché de son auteur. Par conséquent, la religion a élargi le champ de ce qui doit être caché, en fonction du statut social des individus au sein de la famille, qu’ils soient hommes ou femmes. Ceux qui sont tenus de préserver leur chasteté doivent également le faire pour les autres.
L’objectif de cette préservation est de maintenir la sexualité à distance afin de protéger l’individu du regard, du contact et même du toucher. De plus, la chasteté peut être préservée en baissant le regard, en évitant de fixer ou d’observer tout ce qui est mal, dégradant, interdit ou Haram. Il est rapporté dans Sahih Muslim que le Prophète (BPSL) a dit : « L’œil commet la fornication, tout comme le cœur. La fornication de l’œil se fait par le regard, celle du cœur par l’envie, et le sexe confirme ou dément cela ».
Si le regard se pose intentionnellement sur quelque chose qui n’est pas autorisé, il est essentiel de le détourner rapidement. C’est ce qui ressort des Sunan Abou Daoud, où le Messager d’Allah (BPSL) dit à Ali : « Ô Ali, ne laisse pas un regard en suivre un autre. Tu as le contrôle du premier, mais pas du suivant ». Généralement, l’homme ne peut pas contrôler ou prévenir le premier regard, mais il peut contrôler la continuité de ce regard, et il en est responsable.
Abaisser le regard libère le cœur du poids du remord. Il nourrit le cœur avec une lumière qui se reflète en éclats sur le visage et les sentiments. Par contre, laisser le regard se promener librement sur des choses interdites noircit le visage et les sentiments. Le don de la vue est en effet une bénédiction d’Allah. L’homme croyant doit préserver ce bienfait en le dirigeant dans l’obéissance du Bienfaiteur, en adoptant un comportement qui soit en conformité avec Sa satisfaction, en fonction de ses capacités dans chaque situation. « Et tout ce que vous avez comme bienfait provient d’Allah » (An-Nahl 53).
En somme Allah prévient et précise qu’il ne faut même s’approcher de la fornication « Et n’approchez point la fornication, c’est une turpitude et quel mauvais chemin » al Israa, 32. En effet, s’approcher peut commencer par un regard, un mot, ou un geste ou une intention.
Être responsable de ses sens, être digne tout en respectant la dignité de ses semblables, avoir des principes et ne pas les compromettre, tels sont les moyens permettant de se prémunir de la turpitude de la fornication.
Que la prière et la bénédiction d’Allah soient sur le Prophète Mohamed et sur son foyer