Discours du vendredi 07.11.2025 : « Le musulman entre lamentation et construction »
Louange à Allah, qui nous a ordonné l’effort et l’action, nous a interdit l’impuissance et le fatalisme, et a fait de la patience et de la satisfaction les clés de la réussite et du succès. J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah, Seul sans associé, et j’atteste que Mohammed est Son serviteur et Messager, le meilleur bâtisseur de la civilisation de la foi et de la bienfaisance. Ô Allah, prie, salue et bénis notre maitre Mohammed, ainsi que sa famille et l’ensemble de ses compagnons.
Serviteurs d’Allah, Nous vivons à une époque où les lamentations se multiplient, où les nouvelles négatives se propagent sans relâche, au point que certains musulmans ne perçoivent plus que la douleur et la difficulté. Or, le vrai croyant ne vit pas prisonnier de la négativité : il est un bâtisseur, convaincu que la lumière succède à l’épreuve, et qu’Allah ne change pas l’état d’un peuple tant qu’ils ne changent pas ce qui est en eux-mêmes.
Allah le Très-Haut a dit : « Vous serez certainement éprouvés dans vos biens et dans vos personnes. Vous entendrez bien des injures de la part de ceux qui ont reçu les livres avant vous, et de la part des idolâtres. Mais si vous êtes endurants et pieux, vous verrez alors que c’est bien là la meilleure résolution à prendre. » (Âl ‘Imrân, 186).
Si nous méditons sur notre réalité, nous constatons que beaucoup de gens sont dominés par un langage de découragement, et que l’esprit d’initiative et de travail s’est affaibli. Et parce que l’Islam est une religion de positivité et de construction, il nous incombe de faire un examen de conscience sincère : revoir cette culture de la résignation pour la transformer en culture d’action et de reconstruction.
Premier axe : L’esprit plaintif et son impact sur l’individu et la société
La lamentation constante au sujet des difficultés, de l’éloignement (ghourba), du manque de moyens ou de la faiblesse de la foi, affaiblit le cœur, fait fondre la détermination et tue la volonté. Le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Le croyant fort est meilleur et plus aimé d’Allah que le croyant faible, bien qu’il y ait du bien en chacun. Recherche ce qui t’est bénéfique, implore l’aide d’Allah et ne te montre pas incapable. Si quelque chose t’afflige, ne dis pas : “Si j’avais fait telle chose, il en aurait été autrement”, mais dis : “C’est le décret d’Allah, Il fait ce qu’Il veut”, car le mot si ouvre la voie à l’œuvre de Satan. » (Mouslim).
Le musulman ne subit pas les circonstances : il les façonne. Oui, il a le droit de ressentir la douleur, mais son devoir est de transformer cette douleur en énergie constructive, et non en source de pessimisme.
Le vrai danger est que l’esprit plaintif se transforme en passivité chronique, qu’il devienne une manière de vivre plutôt qu’une épreuve passagère. Lorsque la négativité devient notre langage, elle tue la motivation, étouffe la créativité et empêche la réforme.
Deuxième axe : De la résignation à la construction
Le croyant positif ne demande pas : « Pourquoi sommes-nous faibles ? », mais : « Comment pouvons-nous devenir forts ? » Il ne dit pas : « Pourquoi les gens se détournent-ils de la religion ? », mais : « Comment puis-je être un exemple qui les y attire ? » Allah le Très-Haut a dit : « Et dis : Œuvrez ! Allah verra votre œuvre, de même que Son Messager et les croyants. » (At-Tawba, 105).
La construction commence par soi-même : une prière accomplie à son heure, un bon caractère, une parole juste, un travail fait avec sérieux, et une coopération sincère dans le bien.
Dans les sociétés européennes, le musulman est un ambassadeur silencieux de sa religion : son comportement est un message. Chaque sourire, chaque honnêteté dans le travail, chaque attitude bienveillante — est une pierre dans l’édifice de la belle image de l’Islam.
Troisième axe : La positivité dans la réalité de l’éloignement (al-ghourba)
Vous n’êtes pas étrangers à la miséricorde d’Allah ni au message de l’Islam. La véritable étrangeté n’est pas dans le pays, mais dans la faiblesse de la foi. Soyez des modèles d’espérance, de sérieux et de travail, et ne vous laissez pas aller au désespoir. Allah le Très-Haut a dit : « Car, vraiment, avec la difficulté, vient la facilité. » (Ach-Charh, 6). Rappelez-vous comment le Prophète ﷺ et ses compagnons ont bâti leur société après la persécution et la faiblesse : par la patience, la persévérance et le don de soi — non par la lamentation ni la plainte.
Conclusion
Vos défis sont réels, et nul ne les nie : la crainte pour nos enfants de se dissoudre dans la société, la difficulté à obtenir une nourriture halal, les épreuves du hijab, les attaques médiatiques parfois, ou encore la difficulté à pratiquer certaines obligations. Mais la question essentielle demeure : voulons-nous être des musulmans qui subissent et se plaignent, ou des musulmans qui bâtissent et réforment ? L’alternative à la négativité, c’est la construction positive. Remplaçons donc les mots du découragement par ceux de l’espérance, transformons notre énergie en action, et portons dans nos cœurs la certitude qu’Allah est avec nous tant que nous persévérons sur le chemin du bien et de l’effort. L’Islam ne s’est pas répandu par les plaintes, mais par l’action et la construction : la construction de la mosquée dès l’arrivée à Médine, la fraternité entre les Émigrés et les Auxiliaires (al-Ansâr), et l’édification d’un État fondé sur la justice et la foi.
Ne sous-estimez donc aucune bonne action : enseigner à un enfant, aider un nécessiteux, dire une bonne parole, offrir un sourire sincère — tout cela est une pierre dans l’édifice de cette noble religion.
Et qu’Allah prie sur notre maitre Mohammed, et le salue abondamment.