Discours du vendredi 10.11.2023 « Ne désobéissez pas dans ce qui est « ma’ruf » (convenable)
Le ma’ruf, est un terme voire un concept qui désigne la valeur morale acquise dans tout contexte spatio-temporel agissant en symbiose avec les aspirations et valeurs des sociétés, évoluant ainsi tout en s’enrichissant et en restant fidèle à ses racines et à sa matrice fondamentale. Ceci fonctionne tel un guide intérieur qui nous pousse à faire le bien, à choisir la voie de la justesse et à agir avec équité. Il nous rappelle notre devoir de respecter les droits de chacun, de soutenir la justice et d’assurer la dignité humaine et ce au dela de toute divergence.
Le sixième et dernier des articles des conditions pour l’adhésion à l’Islam stipule que toute personne désirant embrasser l’Islam doit s’engager à ne pas désobéir dans ce qui est ma’ruf (convenable). Lors d’une rencontre avec un groupe de personnes venues embrasser l’Islam, le Prophète (BPSL) a établi des conditions claires et précises pour leur entrée dans cette foi. Il leur a dit : « Je vous demande de prendre l’engagement suivant : ne pas associer d’autres divinités à Allah, de ne pas voler, ne pas commettre d’adultère, ne pas ôter la vie de vos enfants, et ne pas propager de fausses accusations que vous forgerez de toutes pièces entre vos mains et vos pieds, et enfin, ne me désobéissez pas dans un Marouf. Celui, d’entre vous qui respectera ces engagements, sa récompense sera assurée auprès d’Allah ». Dans une autre narration rapportée par al-Bukhari, le texte simplifie cette directive en un principe clair : « … et ne désobéissez pas dans le ma’ruf. » De même, le Coran illustre cette notion dans le verset : […] à ne pas te désobéir en ce qui est réputé ma’ruf (convenable), alors accepte leur pacte et implore le pardon du Seigneur en leur faveur, car Dieu est Plein d’indulgence et de miséricorde.} [Al-Mumtahina 12].
Ainsi, on constate que Ces textes sacrés établissent un précepte capital : l’adhésion au ma’ruf, terme désignant l’ensemble des actions et comportements unanimement acceptés comme étant bons et vertueux. Il s’agit d’une invitation à l’obéissance dans tout ce qui est fondamentalement juste, éthique et louable.
Examinons de près maintenant les conditions évoquées au sujet Ma’arouf :
On remarque d’emblée que la condition est exprimée sous trois formes distinctes :
- Le verset {elles ne désobéiront pas en ce qui est ma’ruf (bien et convenable)} souligne une directive que Dieu a donnée à Son prophète ﷺ. Cette directive insiste sur le respect des actes justes et bons. Elle est essentielle car elle guide l’homme vers une conduite droite, qui est la clef d’une vie digne ici-bas et le chemin vers une récompense éternelle dans l’au-delà. Le Très Haut proclame : {Ceux qui te prêtent serment d’allégeance, c’est à Dieu en réalité qu’ils le prêtent. La Main de Dieu est au-dessus des leurs. Celui qui viole son serment le viole à son propre détriment. Celui qui demeure fidèle à son engagement, Dieu lui accordera une magnifique récompense.} [Al-Fath 10]. Et Il dit aussi : {Celui qui obéit au Prophète obéit en fait à Dieu. Quant à ceux qui se détournent de toi, Nous ne t’avons pas envoyé pour assurer leur sauvegarde.} [An-Nisa 80].
- (de ne pas me désobéir dans ce qui est ma’ruf (bien et convenable)) a été proclamé par le Messager d’Allah ﷺ au moment où ses compagnons prenaient un engagement solennel envers ce précepte. Il les a expressément invités à ne pas dévier de la voie du ma’ruf, terme qui désigne tout ce qui est ma’ruf (le juste et le convenable). Dans le Musnad d’Ahmad, Ubada rapporte : « Nous avons prêté serment d’allégeance au Messager d’Allah ﷺ pour écouter et obéir, que nous soyons dans l’ardeur du travail ou confrontés à la lassitude (que nous soyons actifs ou inactifs), pour recommander le convenable et déconseiller le blâmable. Animés par la vérité, nous ne redoutons pas d’affronter les critiques, nous sommes résolus à soutenir le Messager d’Allah ﷺ lorsqu’il viendrait à Yathrib (Médine), en le défendant comme nous défendons nos propres personnes, nos épouses et nos enfants. En retour, nous aurions le Paradis. » Cette promesse solennelle, énoncée par le Prophète ﷺ lorsqu’il a recueilli l’allégeance de ses compagnons, revêt une importance capitale, en particulier pour toute personne investie d’une quelconque autorité. Elle établit le principe selon lequel l’obéissance doit se limiter exclusivement à ce qui est ma’ruf, c’est-à-dire à ce qui est reconnu universellement comme juste et bon.
- ‘Et ne désobéissez pas lorsqu’il s’agit de faire le ma’ruf (le juste et le convenable).’ : ce principe, exprimé par le Messager d’Allah ﷺ, a une portée générale. La notion de « al-ma’ruf » implique automatiquement l’obligation de s’y attacher, de l’accomplir et de le défendre, sans considération pour la partie qui y a droit ou qui en bénéficie. Il est rapporté dans Sahih al-Bukhari que le Prophète ﷺ a dit : ‘L’écoute et l’obéissance sont dues par le musulman, qu’il apprécie ou non la chose, tant qu’il n’est pas ordonné de commettre un acte de désobéissance. Si on lui ordonne un acte de désobéissance, alors il ne doit ni écouter ni obéir.
Deuxièmement : Al-ma’ruf dans le Coran
Le ‘ma’ruf’, ou ce qui est juste et convenable, tient une place centrale dans l’enseignement du Coran pour bâtir une société harmonieuse et équitable. Le Coran guide chacun vers des actes généreux et souligne qu’ils sont essentiels, peu importe la situation. Le Ma’arouf est préconisé dans toutes les situations, voire à travers toutes les étapes de la vie : le rapport aux parents, le rapports au conjoint, le rapport à la descendance, en cas de divorce, dans la gestion des biens, bref , en société de manière générale.
Ainsi, Par exemple, le Coran encourage à traiter les parents avec la plus grande gentillesse, même si ceux-ci nous poussent à rejeter ce que l’on sait être la vérité absolue. Cela montre que la bonté et la justice sont des valeurs supérieures à observer en toute circonstance : {Mais s’ils (Les Parents) exercent sur toi une contrainte pour t’amener à M’associer des divinités dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas, tout en continuant à te comporter envers eux en ce bas monde de façon convenable.} [Luqman 15].
Cette bonté est également préconisée lors de la formulation d’une proposition de mariage, où il est conseillé d’agir avec décence et respect : {Vous ne commettez aucun péché en faisant discrètement une proposition de mariage à l’une de ces veuves en période de viduité ou en nourrissant simplement l’espoir de le faire. Il n’échappe pas à Dieu qu’une telle pensée peut vous effleurer l’esprit. Mais ne vous liez pas à elles par des promesses secrètes et ne leur tenez pas des propos malhonnêtes !} [Al-Baqarah 235]. Enfin, le ma’ruf est également de mise dans les procédures matrimoniales, exigeant le respect et l’équité : {Épousez-les donc avec l’autorisation de leurs familles et versez-leur une dot convenable} [An-Nisa 25].
Le Coran prescrit aussi d’agir avec bienveillance dans la vie conjugale : {Entretenez de bons rapports avec vos femmes ; et si vous avez quelque aversion pour certaines d’entre elles, sachez que l’on peut avoir parfois de l’aversion pour une chose qui peut cependant être pour vous la source d’un grand bonheur.} [An-Nisa 19] {Retenez-les de manière juste ou relâchez-les avec bonté.} [Al-Baqarah 231]. Il insiste sur l’importance d’un traitement équitable des enfants et de leur éducation : « Et les mères, qui veulent donner un allaitement complet, allaiteront leurs bébés deux ans complets. Au père de l’enfant de les nourrir et vêtir de manière convenable » [Al-Baqarah 233] {Et si vous voulez mettre vos enfants en nourrice, nul grief à vous faire non plus, à condition que vous acquittiez la rétribution convenue, conformément à l’usage. Et craignez Allah, et sachez qu’Allah observe ce que vous faites.} [Al-Baqarah 233]. Pour la gestion des finances au sein de la famille et au-delà : {Et ne confiez pas aux incapables vos biens dont Allah a fait votre subsistance. Mais prélevez-en, pour eux, nourriture et vêtement ; et parlez-leur convenablement.} [An-Nisa 5] De même, en cas de mésentente ou de procédure de divorce {Passé ce délai, on ne vous reprochera pas la façon dont elles disposeront d’elles-mêmes d’une manière convenable. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.} [Al-Baqarah 234] {Donnez-leur toutefois – l’homme aisé selon sa capacité, l’indigent selon sa capacité – quelque bien convenable dont elles puissent jouir. C’est un devoir pour les bienfaisants.} [Al-Baqarah 236] {Les divorcées ont droit à la jouissance d’une allocation convenable, [constituant] un devoir pour les pieux.} [Al-Baqarah 241] {alors ne les empêchez pas de renouer avec leurs époux, s’ils s’agréent l’un l’autre, et conformément à la bienséance.} [Al-Baqarah 232].
Il est aussi recommandé de faire preuve de bienveillance lors de l’offrande d’une aumône pour la cause divine : {Une parole agréable et un pardon valent mieux qu’une aumône suivie d’un tort. Allah n’a besoin de rien, et Il est indulgent.} [Al-Baqarah 263]. Pareillement, en ce qui concerne la gestion des biens des orphelins et des fonds publics {Et éprouvez (la capacité) des orphelins jusqu’à ce qu’ils atteignent (l’aptitude) au mariage ; et si vous ressentez en eux une bonne conduite, remettez-leur leurs biens. Ne les utilisez pas (dans votre intérêt) avec gaspillage et dissipation, avant qu’ils ne grandissent. Quiconque est aisé, qu’il s’abstienne d’en prendre lui-même. S’il est pauvre, alors qu’il en utilise raisonnablement : Et lorsque vous leur remettez leurs biens, alors prenez des témoins à leur encontre. Et Allah suffit pour [amplement] compter.} [An-Nisa 6]. En matière de résolution de conflits et de gestion des différends {Mais celui à qui son frère aura pardonné en quelque façon doit faire face à une requête convenable et doit payer des dommages de bonne grâce.} [Al-Baqarah 178]. Lors du partage de l’héritage : {Et lorsque les proches parents, les orphelins, les nécessiteux assistent au partage, offrez-leur quelque chose de l’héritage, et adressez-leur des paroles convenables. } [An-Nisa 8] {On vous a prescrit, quand la mort est proche de l’un de vous et s’il laisse des biens, de faire un testament en règle en faveur de ses père et mère et de ses plus proches [membres]. C’est un devoir pour les pieux.} [Al-Baqarah 180].
La bienveillance est un principe essentiel dans la promotion du bien et la sauvegarde des valeurs de la société {Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils recommandent le convenable, déconseillent le blâmable accomplissent la prière (As-Salât), acquittent l’aumône (Az-Zakât) et obéissent à Allah et à Son Messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Puissant et Sage.} [At-Tawbah 71]. De même, dans le contexte d’embrasser l’islam : {qu’elles ne désobéiront pas en ce qui est convenable, alors reçois leur serment d’allégeance, et implore d’Allah le pardon pour elles. Allah est certes, Pardonneur et Très Miséricordieux.} [Al-Mumtahina 12]. Et conformément aux enseignements prophétiques : [Ne désobéissez pas dans ce qui est le ma’ruf].
En somme, le Ma’arouf est un pilier essentiel, un pilier fondamental de l’engagement permettant ainsi de bâtir des sociétés de respect, sociétés harmonieuses et équilibrées
Que la prière et la bénédiction d’Allah soient sur notre Prophète Mohamed et sur son foyer