Discours du vendredi 17.10.2025 : « Entre le prophète Youssouf et Mohammed (que la paix soit sur eux) : La patience au service d’un objectif noble »

Louange à Allah qui a fait de la patience une lumière, et de l’épreuve une élévation et un choix. J’atteste qu’il n’y a de divinité qu’Allah, Seul sans associé, et que Mohammed est Son serviteur et Messager. Que les prières et la paix d’Allah soient sur lui, sa famille et l’ensemble de ses compagnons.

Serviteurs d’Allah, lorsque nous lisons dans le Livre d’Allah l’histoire de Youssouf (que la paix soit sur lui) et que nous parcourons la biographie de notre Prophète Mohammed (ﷺ), un fil unique les relie : la patience au service d’un objectif noble. Une patience non par faiblesse, mais par conscience, par foi et par grandeur de caractère.

Premièrement : la patience de Youssouf (que la paix soit sur lui).

Son histoire commence par l’épreuve au sein de sa maison, lorsque ses frères, par jalousie, complotèrent contre lui en disant : « Tuez Joseph ou bien éloignez-le dans n’importe quelle terre, afin que le visage de votre père se tourne exclusivement vers vous, et que vous soyez après cela des gens de bien. » (Youssouf, 9). Il fut jeté dans un puits, éloigné de sa patrie et privé de la tendresse de ses parents. Pourtant, ni lui ni son père ne laissèrent place à la rancune ni au désespoir. Son père, Ya‘qoub (lorsque ses fils lui annoncèrent faussement que Youssouf avait été dévoré par un loup) (que la paix soit sur lui), dit : « Une belle patience [m’est donc nécessaire] ! Et c’est Allah dont j’implore le secours contre ce que vous racontez. » (Youssouf, 18).

Puis vint la tentation du palais lorsque la tentation se présenta à lui en raison de sa beauté et de sa droiture. Il resta ferme et dit : « Qu’Allah me protège ! C’est mon maître qui m’a accordé un bon asile. » (Youssouf, 23), et : « Seigneur ! La prison m’est préférable à ce à quoi elles m’invitent. » (Youssouf, 33). C’est-à-dire qu’il préféra la prison plutôt que de courroucer son Seigneur ou trahir la confiance de son maître qui l’avait accueilli. Allah l’éleva ensuite et l’établit solidement, comme l’annonce le Très-Haut : « Et ainsi Nous accordâmes à Joseph une position forte dans le pays. Il s’installait là où il le voulait. Nous touchons de Notre miséricorde qui Nous voulons, et ne faisons pas perdre la récompense des gens de bien. » (Youssouf, 56).

Vint enfin l’épreuve du pouvoir face à ses frères, lorsqu’ils dirent : « Ô al-‘Azîz, la famine nous a touchés, nous et notre famille; et nous venons avec une marchandise sans grande valeur. Donne-nous une pleine mesure, et fais-nous la charité. Certes, Allah récompense les charitables ! Vous souvenez-vous, leur dit-il, de ce que vous avez fait de Joseph et de son frère quand vous étiez plongés dans l’ignorance ? »» … Puis il dit : « Pas de réprimande contre vous aujourd’hui ! Qu’Allah vous pardonne. C’est Lui le Plus Miséricordieux des miséricordieux. » (Youssouf, 88-92). Youssouf (que la paix soit sur lui) subit l’injustice de ses frères, celle de la femme d’al-‘Azîz, la prison, puis l’épreuve du pouvoir face aux injustes. Il fit preuve de patience et rechercha la récompense auprès d’Allah, son objectif noble étant de rassembler les siens et de servir le bien sous l’autorité d’un souverain non-croyant.

Deuxièmement : la patience de Mohammed (ﷺ).

Notre Prophète Mohammed (ﷺ) est le maître des endurants. Dès le premier instant de la Révélation, il porta dans son cœur le fardeau de sa communauté — un souci constant pour la guider vers la lumière. Il fit face aux persécutions, aux moqueries et aux mensonges. On l’accusa de sorcellerie, de poésie et de folie. Mais jamais il ne vacilla. Il endura avec patience, persévéra avec foi et poursuivit sa mission avec une détermination inébranlable.

Allah lui dit : « Endure donc ce qu’ils disent et célèbre la louange de ton Seigneur avant le lever du soleil, avant son coucher, et pendant la nuit; et exalte Sa Gloire aux extrémités du jour. Peut-être en seras-tu satisfait. » (Tâ-Hâ, 130).

Il subit les sévices de sa tribu jusqu’à être contraint de quitter La Mecque. Lorsqu’il y retourna en vainqueur, il dit: « Allez, vous êtes libres. » À Taïf, lorsqu’on lui ensanglanta les pieds, il supplia : « Ô Allah, pardonne à  ma communauté, car ils ne savent pas. » On lui offrit les biens de ce monde pour qu’il cesse d’appeler au bien, mais il dit : « Par Allah, ô mon oncle, même s’ils plaçaient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche… je n’abandonnerais pas cette cause. » Son souci était la guidance des cœurs, non la vengeance personnelle. Quel cœur est plus grand que celui-là ? Et quelle patience plus noble que la sienne ?

Mes frères et sœurs, de ces deux biographies, nous tirons les leçons suivantes :

1. La patience est la voie du succès : pas de victoire sans épreuve, ni d’élévation sans patience.
2. La sincérité de l’intention fortifie la patience : celui qui patiente pour Allah, Allah l’assiste.
3. Le pardon est la plus belle preuve de patience : Youssouf (que la paix soit sur lui) dit « Pas de réprimande », et Mohammed (ﷺ) dit « Allez, vous êtes libres. »
4. L’épreuve révèle la sincérité de la foi. Le Prophète (ﷺ) a dit : « Les gens les plus éprouvés sont les Prophètes… »

Ô vous qui œuvrez pour l’appel à Allah ou pour la réforme : sachez que la patience est le secret du succès. Les grands objectifs ne s’atteignent pas dans la facilité ni dans le repos, mais dans l’effort sincère, la pureté de l’intention et la force du cœur. Le Très-Haut dit : « Ô vous qui avez cru ! Soyez endurants. Incitez-vous à l’endurance. Luttez constamment (contre l’ennemi) et craignez Allah, afin que vous réussissiez ! » (Âl ‘Imrân, 200).

Regardez l’issue pour Youssouf (que la paix soit sur lui) : du fond du puits jusqu’aux trésors de la terre. Et regardez l’issue pour Mohammed (ﷺ) : de pourchassé à guide qui libéra les cœurs.

Si nous voulons, nous aussi, la victoire et la stabilité, alors soyons patients comme ils l’ont été : une patience dans l’obéissance à Allah, une patience dans l’éloignement du péché, et une patience face aux épreuves et aux décrets divins. Car la voie de la grandeur ne se trace qu’à travers la fermeté dans la foi, et une patience consciente, nourrie de foi, de sincérité et d’élévation morale.

Que les prières et la paix d’Allah soient sur notre seigneur Mohammed et sur sa famille.