Discours du vendredi 18.07.2025 : « Muhâjirûn et Ansâr : Piliers prophétiques d’une société stable »
Ô serviteurs d’Allah, aujourd’hui nous évoquons un épisode lumineux de la vie du Prophète ﷺ et de ses nobles compagnons : la contribution décisive des Muhâjirûn (les Émigrés) et des Ansâr (les Partisans) à l’établissement d’une société stable à Médine après l’Hégire. Cet événement dépasse les frontières du passé ; il constitue un modèle divinement inspiré, une approche prophétique unique et la base authentique d’un développement durable, valable en tout temps et en tout lieu.
Guidée par le Prophète ﷺ, Médine s’édifia sur trois piliers essentiels :
1. La fraternité : le miracle du don de soi par la foi
La fraternisation ne se limita pas à une simple bienveillance ponctuelle, mais instaura un véritable système de solidarité :
• Les Ansâr partagèrent généreusement leurs demeures et leurs récoltes avec leurs frères Muhâjirûn. Allah les loue dans le Coran en ces termes : « Et [il y a également une part pour] ceux qui, avant eux, se sont installés dans la demeure [Médine] et dans la foi. Ils aiment ceux qui ont émigré vers eux et ne ressentent dans leurs cœurs aucune envie pour ce qui leur a été donné. Ils les préfèrent à eux-mêmes, même s’il y a pénurie chez eux. Ceux qui se prémunissent contre leur propre avarice, ceux-là sont les bienheureux. » (Al-Hashr, 9).
• Les Muhâjirûn firent preuve d’une remarquable générosité malgré leur dénuement. Dès que la vie communautaire se stabilisa, ʿAbdur‑Raḥmân ibn ʿAwf (رضي الله عنه) s’exclama : « Montrez-moi le marché ! ». Allah les décrit ainsi : « [Ces biens sont] pour les pauvres parmi les émigrés, chassés de leurs foyers et privés de leurs biens, recherchant une grâce d’Allah et Son agrément, et secourant [la cause d’]Allah et Son Messager. Ceux-là sont les véridiques. » (Al‑Hashr, 8). Ils arrivèrent avec une foi solide, une ambition noble et un esprit actif, devenant rapidement les artisans de la renaissance de Médine. Allah ajoute : « Et ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier d’Allah, ainsi que ceux qui leur ont offert refuge et secours, ceux-là sont les vrais croyants. À eux, un pardon et une subsistance généreuse. » (Al‑Anfâl, 74).
2. La Constitution de Médine : charte d’une société équilibrée
Ce premier contrat social garantit notamment :
• Une justice universelle : « Les Juifs de Banû ʿAwf forment une communauté avec les croyants. Les Juifs ont leur religion, les musulmans la leur. Leurs alliés et eux-mêmes sont protégés, sauf celui qui commet une injustice ou un crime : il ne nuit alors qu’à lui-même et à sa famille. »
• Une sécurité mutuelle : « Ceci est un pacte de Muḥammad, le Prophète, entre les croyants et les musulmans de Quraysh, de Yathrib (Médine) et ceux qui les rejoignent pour lutter à leurs côtés : ils forment une seule communauté distincte des autres peuples. »
• La liberté de croyance : « Les Juifs ont leur religion, les musulmans la leur. » Ainsi fut établi le premier État fondé sur la citoyenneté et non sur les liens du sang.
3. L’équilibre : clé de la durabilité prophétique
La voie prophétique établit un équilibre entre :
• Le spirituel et le matériel : tout en construisant la mosquée – lieu de culte et de savoir – le Prophète ﷺ encourageait l’agriculture et l’investissement économique, disant : « Celui qui redonne vie à une terre morte en devient le propriétaire. », et aussi : « Tout musulman qui plante un arbre ou sème une graine dont un oiseau, un homme ou un animal se nourrit, reçoit une récompense. », ainsi que : « Que celui qui possède une terre la cultive ou qu’il l’offre à son frère ; s’il refuse, qu’il la conserve. » Ces paroles soulignent l’importance d’un développement économique et agricole, sans négliger l’au-delà. L’harmonie entre la foi et l’action reste essentielle.
• Le présent et l’avenir : il interdit de gaspiller l’eau même en abondance, préservant ainsi les droits des générations futures.
• L’individu et la communauté : appliquant le principe prophétique : « Aucun de vous ne croit vraiment tant qu’il n’aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. » (Al‑Bukhârî et Muslim).
Ô serviteurs d’Allah, les Ansâr nous enseignent que le don de soi bâtit les nations ; les Muhâjirûn montrent que le travail élève la communauté ; et le Prophète ﷺ nous guide vers l’équilibre entre ici-bas et l’au-delà, véritable chemin du succès.
• La solidarité comme fondement civilisationnel : ravivons la sunna de la fraternité en secourant les affligés, migrants et déplacés.
• La justice élève les sociétés : la Constitution de Médine unissait Aws, Khazraj, Juifs et autres communautés autour des valeurs d’équité et de fraternité, modèle exemplaire de coexistence pacifique.
• Soyons des successeurs responsables et non destructeurs : protégeons notre environnement et nos ressources conformément à la parole d’Allah : « Puis Nous fîmes de vous leurs successeurs sur terre, pour observer comment vous agiriez. » (Yûnus, 14).
Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur notre maître Muḥammad, sa famille et ses compagnons.