Discours du vendredi 24.01.2025 « Les principes de l’Islam concernant le Halal et le Haram : La règle de la nécessité (partie 4)
Ô serviteurs d’Allah, je vous recommande, ainsi qu’à moi-même, de craindre Allah, conformément à Sa parole : « Celui qui craint Allah, Il lui accordera une issue favorable et lui accordera Ses subsistances d’où il ne s’y attend pas ; et quiconque craint Allah, Il lui facilitera sa conduite, Il effacera ses fautes et lui donnera une énorme récompense. Et quiconque place sa confiance en Allah, Il lui suffit. Certes, Allah atteint Son but. Allah a assigné à chaque chose sa juste mesure. » (s. 65, v. 2-3)
Ô vous qui croyez, Allah, Exalté soit-Il, a rendu licites les choses pures et bienfaisantes, tandis qu’Il a interdit ce qui est néfaste et immoral, « qu’il s’agisse des turpitudes apparentes ou cachées, du péché et de la transgression injustifiée, d’associer à Allah ce dont Il n’a révélé aucune preuve, et de Lui attribuer ce dont vous n’avez pas connaissance ». Il a établi que tout ce qui mène à l’illicite est illicite, que ce qui y contribue est illicite, et que ce qui le contourne est également illicite. La bonne intention ne peut justifier l’illicite, et chacun a la responsabilité de s’écarter des situations douteuses jusqu’à ce que leur statut soit clarifié, car le licite suffit à se dispenser de l’illicite et du douteux.
Le Créateur, Glorifié soit-Il, connaît les nécessités de la vie et la faiblesse humaine face à elles. C’est pourquoi Il a pris en compte la force majeure et la fragilité humaine. Il a ainsi permis au gens – sous la contrainte de la nécessité – de consommer ce qui est normalement interdit pour préserver sa vie. Allah dit : « Dis : « Je ne trouve dans ce qui m’a été révélé d’autre interdit touchant les aliments susceptibles d’être consommés que celui qui frappe la bête morte, le sang répandu et la viande de porc, car leur consommation constitue une souillure. De même qu’il est illicite de manger la viande provenant des bêtes sacrifiées, par perversité, à de fausses divinités. » Cependant, celui qui est contraint d’en user, par nécessité et non par désobéissance ni désir de pécher, ton Seigneur ne lui en tiendra pas rigueur, car Il est Clément et Miséricordieux. » (Sourate Al-An’am : 145) et Le Très Haut dit aussi : « Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. Si quelqu’un est contraint par la faim, sans inclination vers le péché… alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Al-Maida 3). Sur la base de ces versets et d’autres similaires, les jurisconsultes musulmans ont établi le neuvième principe :
La nécessité rend licite ce qui est normalement interdit
Ce principe juridique vise à assouplir l’application des règles religieuses en présence de circonstances exceptionnelles qui causeraient une difficulté excessive ou un préjudice intolérable.
Celui qui est contraint doit être « sans recherche de transgression ni d’excès », c’est-à-dire qu’il ne doit pas rechercher le plaisir ni dépasser les limites de la nécessité. De même, celui qui est « contraint par la faim, sans inclination vers le péché » ne doit pas être enclin à s’approprier injustement les biens d’autrui ni à violer délibérément la loi religieuse. Dans ces conditions, la consommation de l’interdit lui est permise.
Même face à la nécessité, le croyant ne doit pas s’abandonner à elle ni renoncer à ses principes. Il doit rester attaché au licite et le rechercher activement, afin de ne pas banaliser l’illicite sous prétexte de nécessité. C’est pourquoi les juristes ont établi que : « La nécessité doit être estimée selon sa juste mesure ». La nécessité se définit comme une situation contraignante qui justifie le recours à certains actes normalement interdits, selon les conditions suivantes:
1. Première condition : La nécessité constitue une excuse valide du point de vue religieux et un motif légitime de dérogation aux règles habituelles.
2. Deuxième condition : La règle religieuse qui peut être transgressée par nécessité concerne uniquement les interdictions, car la nécessité ne permet que d’accomplir ce qui est normalement interdit.
3. Troisième condition : La nécessité doit être urgent et inévitable. La personne contrainte se trouve face à deux maux qu’elle ne peut éviter simultanément, et sa situation ne lui permet pas d’attendre. Elle doit alors choisir le moindre mal pour éviter le plus grand, sans excès ni transgression délibérée.
Serviteurs d’Allah : Les situations de nécessité majeure peuvent être nombreuses et variées, comme les soins médicaux, la faim et la soif extrêmes, la protection contre les incendies, la noyade, les accidents de transport, etc. Elles peuvent être classées en trois catégories :
1. La préservation de la vie et de la raison : Le droit islamique permet à celui qui y est contraint de consommer l’interdit en cas de faim, de soif ou de maladie.
2. La préservation des biens : Il est permis de sacrifier une partie des biens pour en préserver la majorité.
3. La préservation de la foi : En cas de contrainte extrême, il est permis à celui qui est forcé de prononcer des paroles contraires à sa foi de le faire pour préserver sa vie, sans pour autant mettre en danger la vie d’autrui.
La nécessité se divise en deux catégories selon les raisons :
1. Nécessité relative aux droits d’Allah : Comme la consommation d’aliments interdits ou la prononciation forcée de paroles de mécréance. La condition est d’être réellement contraint ou affamé, sans inclination vers le péché.
2. Nécessité relative aux droits humains : Comme être contraint de consommer la nourriture d’autrui ou de détruire ses biens. Dans ce cas, la personne contrainte doit garantir ce qu’elle a détruit, car la nécessité n’annule pas les droits d’autrui.
Enseignements tirés de ce principe
1. La vision humaniste de l’Islam : Ce principe reflète la miséricorde divine envers les serviteurs et le souci de préserver leur vie et leur santé. Allah ne cherche pas à leur imposer des difficultés mais désire leur faciliter les choses.
2. La prudence dans la transgression : Le musulman doit s’efforcer d’éviter l’illicite autant que possible. Ce n’est qu’en cas d’extrême nécessité qu’il peut recourir à ce qui est interdit.
3. La recherche d’alternatives : Il convient de chercher des solutions licites avant de recourir à l’illicite, et de se limiter au strict nécessaire en cas de contrainte.
Conclusion : Le principe selon lequel « la nécessité rend licite ce qui est normalement interdit » illustre la souplesse et la sagesse de la législation islamique dans la préservation de la vie humaine. Néanmoins, nous devons toujours nous efforcer d’éviter l’illicite, sauf dans les cas de nécessité absolue et dans les limites prescrites.
Nous implorons Allah, Exalté soit-Il, de nous guider vers ce qu’Il aime et agrée, de nous aider à Lui obéir et de nous préserver de l’illicite.
Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur notre Prophète Muhammad, sur sa famille et ses compagnons.