Discours du vendredi 24.11.2023 : « Ne désobéissez pas dans ce qui est « ma’ruf » (convenable) »
Nous avons vu précédemment le concept de « ma’ruf » à partir des six conditions nécessaires d’adhésion au message de l’Islam, conditions que le Prophète demandait à ceux qui se présentaient à Lui afin de déclarer leurs conversions. Nous avons abordé donc ce concept dans son acception la plus générale, selon la langue, selon le Coran et selon les hadiths.
Voyons aujourd’hui, dans quel contexte, le Coran présente ce concept.
1. Le premier contexte : La sincérité. En effet l’accent est mis sur la sincérité, insistant sur le fait que l’intention derrière toute action quelle qu’elle soit doit être pure et transparente. La sincérité et l’intégrité sont des significations implicites de « ma’ruf ». Cela est illustré par le verset coranique {Une parole agréable et un pardon valent mieux qu’une aumône suivie d’un tort. Allah n’a besoin de rien, et Il est Indulgent.} [Al-Baqarah 263], et est renforcé par {O les croyants! N’annulez pas vos aumônes par un rappel ou un tort, comme celui qui dépense son bien par ostentation devant les gens sans croire en Allah et au Jour dernier. Il ressemble à un rocher recouvert de terre: qu’une averse l’atteigne, elle le laisse dénué. De pareils hommes ne tirent aucun profit de leurs actes. Et Allah ne guide pas les gens mécréants….} [Al-Baqarah 264].s
2. Le deuxième contexte : Le convenable. Le « ma’ruf » est cité, dans le Coran, en opposition à « munkar » (le détestable), affirmant que les sociétés sont fondées sur les principes du bien et du détestable. Ce principe est évoqué dans près d’un tiers des versets où le terme « ma’ruf » apparaît dans le Coran, comme dans {Ils sont ceux qui se repentent, qui adorent, qui louent, qui parcourent la terre (ou qui jeûnent), qui s’inclinent, qui se prosternent, qui recommandent le convenable et déconseille le blâmable et qui observent les lois d’Allah} [At-Tawbah 112]. Dans ce contexte, « ma’ruf » et « munkar » définissent les limites des interactions humaines, appelant les gens à promouvoir le bien et à éviter le détestable pour le bien-être de leur société.
3. Le troisième contexte : Le bel agir. En effet, Coran préconise explicitement le bel agir en cas de situations de tension sociale, à titre d’exemple, citons le cas de divorce ou la répartition des héritages ou autres, où il est ordonné de se comporter de manière digne et respectueuse. Le Coran enseigne que les êtres humains ont une compréhension innée de ce qui est juste à faire. Ceci est illustré par des versets tels que {Les divorcées ont droit à la jouissance d’une pension convenable, [constituant] un devoir pour les pieux.} [Al-Baqarah 241], et {Donnez-leur toutefois – l’homme aisé selon sa capacité, l’indigent selon sa capacité – quelque bien convenable dont elles puissent jouir…} [Al-Baqarah 236].
Ainsi, dans les deuxième et troisième contexte, le « ma’ruf » est interprété comme « agir correctement et conformément à ce qui est reconnu comme juste« . Le Coran ne spécifie pas la source de cette connaissance, laissant cela aux coutumes acceptées par les gens, à condition qu’elles ne vont pas à l’encontre de la révélation. Parfois, le Coran critique certaines pratiques, comme le refus de mariage (‘al-‘adl’) ou le mauvais comportement lors du divorce.
Cela montre l’existence d’une sorte de connaissance morale et sociale indépendante, faisant des coutumes une des bases fondamentales de la religion islamique, adaptée aux besoins des gens dans leur religion et leur vie quotidienne, sans contredire les textes sacrés ou les principes fondamentaux.
Le « ma’ruf » est donc un reflet du bien, de la justesse, de la justice, et de l’assurance des droits fondamentaux pour tous ceux à qui Dieu a donné la vie, même en cas de désaccord, de désapprobation ou d’hostilité, le « ma’ruf » doit être observé.
Pour l’importance du « ma’ruf », Allah exige que ceux qui décident d’embrasser l’Islam s’engagent à ne pas désobéir au « ma’ruf » et à ne pas désobéir au Messager d’Allah ﷺ dans tout ce qui est reconnu comme bien dans la religion d’Allah. Ils doivent également ne pas obéir à ce qui n’est pas « ma’ruf », car il n’y a pas d’obéissance à une créature dans la désobéissance au Créateur. Cet engagement est pris avant même de prononcer les deux attestations de foi.
En conclusion, respecter l’engagement de ne pas désobéir au Messager d’Allah dans le « ma’ruf » et cela nécessite rigueur, discipline, engagement et bien entendu de suivre l’exemple du Prophète ﷺ dans tout ce qui est requis, et à s’y adapter en conséquence. Ce comportement doit se traduire dans les relations, servir de critère dans les actions, de référence pour toutes décisions, et de ligne de conduite tout au long de la vie. Dieu le Très-Haut dit : {O les croyants! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d’entre vous qui détiennent le commandement…} [An-Nisa 59], {Accomplissez la Salât, acquittez la Zakât et obéissez au messager, afin que vous ayez la miséricorde.} [An-Nur 56], {Craignez Allah, donc autant que vous pouvez, écoutez, obéissez et faites largesses. Ce sera un bien pour vous…} [At-Taghabun 16].
Que la prière et la bénédiction d’Allah soient sur notre Prophète Mohamed et sur son foyer