Discours du vendredi 28.06.2024 : « Le croyant, une source d’enrichissement et de générosité »
Lorsque la vie à La Mecque est devenue insupportable pour nous, comme le raconte Umm Salama – que Dieu soit satisfait d’elle – les compagnons du Prophète ﷺ ont enduré persécutions et épreuves. Ils ont été confrontés à de grandes difficultés dans la pratique de leur religion, et le Prophète ﷺ, malgré lui, ne pouvait les défendre. C’est alors qu’il ﷺ leur dit : « Il y a en terre d’Abyssinie un roi chez qui personne n’est lésé ; rejoignez son pays jusqu’à ce que Dieu vous offre une issue et une sortie de ce dans quoi vous êtes », et nous partîmes pour elle en plusieurs groupes, jusqu’à ce que nous nous réunissons et nous nous installâmes dans la meilleure demeure auprès du meilleur voisin, où nous étions en sécurité pour notre religion et nous ne craignions pas d’injustice. [Al-Bayhaqi dans Al-Sunan Al-Kubra]. La sécurité, la paix, la justice et la stabilité sont des bénédictions essentielles. Sans elles, la vie devient difficile et le repos est introuvable. Tous, jeunes et âgés, citoyens, résidents, invités et passants, aspirent à ces conditions, peu importe où ils se trouvent.
Les croyants qui ont émigré en Abyssinie ont été une source d’enrichissement et de générosité pour ce pays. Ils ont respecté la justice et le système en place, malgré les tentatives de la délégation de Quraysh, menée par ‘Abdullah ibn Abi Rabi’a et Amr ibn al-As[1], de semer le conflit entre eux, les habitants et le gouvernement abyssinien. Ces tentatives ont échoué, car les émigrants ont maintenu une attitude constructive et leur moralité a repoussé les ruses et les malices de leurs adversaires. Face à ces échecs, Amr ibn al-As a été contraint de solliciter une audience avec le roi, le Negus, afin de discuter de la situation des émigrants et de tenter de convaincre le roi de les expulser en arguant de leur dangerosité. Cependant, ses efforts ont échoué et il a dû demander l’organisation d’une confrontation entre lui et Jafar ibn Abi Talib, représentant des émigrants. Jafar, que Dieu soit satisfait de lui, a ému le Negus en décrivant comment ils avaient été opprimés et contraints de quitter leurs maisons, cherchant protection et justice sous son règne. Le Negus, touché par ces paroles, dit à la délégation de Quraysh : « Partez et sachez bien que, par Allah, je ne vous les rendrai jamais et ne permettrai jamais que vous leur fassiez du mal. » Puis il se tourna vers les représentants des émigrants et leur dit : « Partez, vous êtes en sécurité dans cette patrie » . [La biographie prophétique d’Ibn Kathir].
Et le roi et beaucoup des citoyens de l’Abyssinie, ayant vu tant de valeurs comportementales et d’intégration positive active dans la société de la part des émigrants, ont embrassé l’Islam et suivi la religion de Dieu Tout-Puissant, jusqu’à ce que le roi dise « Par Dieu, si ce n’était pas pour le royaume dans lequel je suis, je viendrais à lui – c’est-à-dire le Messager de Dieu ﷺ – jusqu’à ce que je sois celui qui porte ses sandales et que je lui verse l’eau pour ses ablutions » [Musnad Ahmad].
Ainsi, l’établissement de la justice – autant que possible – et lutter contre l’injustice – autant que possible – comme le dit Ibn Taymiyyah, que Dieu lui fasse miséricorde, « C’est un devoir collectif ». Chacun doit faire de son mieux pour agir justement, même si d’autres ne le font pas. On ne doit pas blâmer quelqu’un pour ne pas avoir réussi à éliminer une injustice qu’il ne pouvait pas surmonter. De la même manière, si une personne doit agir au nom d’une autre, sous une forme d’autorité ou de mandat, et qu’elle est contrainte de donner une partie des biens à un oppresseur pour protéger les intérêts supérieurs, alors son action est considérée comme bienveillante, pas malveillante. Elle fait le nécessaire, même dans des conditions difficiles.
Le Prophète Youssouf, le Véridique, que la paix soit sur lui, a été désigné par le roi d’Égypte comme responsable de la gestion des trésors du pays (équivalent au Ministre des finances et du commerce). Le roi et son peuple n’étaient pas croyants, ils avaient leurs propres coutumes concernant la collecte et la distribution des fonds au bénéfice principalement du roi, de sa famille, de ses soldats et de ses subordonnés, ces pratiques n’étaient pas conformes aux enseignements de justice des prophètes. Youssouf, cependant, n’avait pas la liberté d’agir entièrement à sa guise, mais il a œuvré dans les limites du possible pour faire prévaloir la justice et la bienveillance. Grâce à ses efforts, il a pu apporter un soutien significatif aux nécessiteux, une réalisation qui aurait été impossible autrement. Tout cela est illustré dans les paroles du Très Haut : « Certes, Youssouf vous est venu auparavant avec les preuves évidentes, mais vous n’avez jamais cessé d’avoir des doutes sur ce qu’il vous avait apporté. » (Ghafir 34) et « Craignez Allah autant que vous le pouvez » [Al-Taghabun 16].
Le Législateur a loué les bonnes actions et promis des récompenses pour celles-ci, tout en condamnant les mauvaises actions et en avertissant de leurs conséquences. De plus, il a adapté ses commandements à la capacité de chacun, car il est dit dans le Coran : « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. Elle sera récompensée du bien qu’elle aura fait, punie du mal qu’elle aura fait » [Al-Baqara : 286] et dit aussi : « et que celui dont les biens sont restreints dépense selon ce qu’Allah lui a accordé. Allah n’impose à personne que selon ce qu’Il lui a donné » (Talaq 7).
Les valeurs élevées enseignées par la religion de Dieu Tout-Puissant se manifestent dans la vie du croyant, peu importe où il se trouve. Chaque croyant doit être un citoyen vertueux et un réformateur positif pour sa patrie, agissant activement avec ses compatriotes. Il doit saisir chaque occasion de faire le bien, selon ses capacités. Cela inclut de participer activement aux élections pour choisir les candidats les mieux adaptés aux intérêts de la nation, aider à préserver les ressources du pays et collaborer à la construction des institutions. Tout cela nécessite équilibre, prudence, et une progression mesurée.
Choisir un représentant pour une mission spécifique fait partie du fonctionnement politique de notre société, ce représentant aura la charge de participer à l’élaboration des lois opposables à tous les habitants du pays.
Ces lois régissent de nombreux aspects de la vie en société (droit de la famille, droit commercial, etc..) .
Ces systèmes juridiques tirent leur essence et leur pertinence de l’esprit de la société, de ses valeurs, ainsi que des expériences accumulées à travers les épreuves historiques et les aspirations futures. Ils visent à modeler le caractère et le destin de la communauté. Un droit qui ne reflète pas l’esprit, les valeurs et les expériences historiques de la société ne peut être véritablement bénéfique et risque même de contribuer à sa désintégration.
Que la bénédiction et la paix d’Allah soient sur le Prophète Mohamed et sur son foyer.
[1] Et tous deux ont finalement pleinement embrassé l’islam.