Discours du vendredi 14.11.2025 : « La sagesse de l’épreuve dans la vie de l’individu et de la société »
Louange à Allah, qui a créé les créatures avec une sagesse profonde et un dessein sublime. Il a fait de ce monde un lieu d’épreuve et de test, et de l’au-delà une demeure de rétribution et de bienfait. Nous Le louons dans l’aisance comme dans l’adversité, et nous Le remercions dans la difficulté comme dans la prospérité. J’atteste qu’il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah, Unique et sans associé, qui a dit dans Son Noble Livre : « Nous vous éprouverons certes par un peu de peur, de faim et de diminution de biens, de personnes et de fruits. Et fais la bonne annonce aux endurants. » (Al-Baqarah, 155). Et j’atteste que notre maître Mohammed est Son serviteur et Son Messager, qui a dit: « Les gens les plus éprouvés sont les Prophètes, puis ceux qui leur ressemblent le plus, puis ceux qui leur ressemblent. » [Rapporté par An-Nassa’i, authentifié par Al-Albani]. Ô Allah, prie, salue et bénis notre maître Mohammed, ainsi que sa famille et l’ensemble de ses nobles compagnons.
Serviteurs d’Allah, l’épreuve est une loi divine immuable dans la vie des êtres humains ; nul n’y échappe.
Elle n’est pas nécessairement un signe de colère ou de châtiment, mais une manifestation de la sagesse d’Allah dans l’éducation de Ses serviteurs, afin de distinguer le sincère du prétentieux, le constant de l’inconstant. Allah, Le Très-Haut, dit : « Est-ce que les gens pensent qu’on les laissera dire : “Nous croyons !” sans les éprouver ? » (Al-‘Ankabût, 2). La compréhension de l’épreuve (Fiqh al-Ibtilâ’) consiste à saisir pourquoi nous sommes éprouvés, comment y réagir et ce qu’Allah attend de nous à travers elle.
L’épreuve peut servir à élever les degrés, comme ce fut le cas des Prophètes ; à expier les péchés, comme pour les croyants ; ou encore à avertir et réveiller les négligents. Dans son essence, l’épreuve est une école divine : elle affine les âmes, purifie les cœurs, révèle la véritable nature des êtres humains et montre, au sein des sociétés, leur degré de cohésion et de foi dans le décret et la prédestination d’Allah. Ibn Al-Qayyim, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « L’épreuve est comme un remède : elle extrait les maladies du cœur, qui devient alors pur et apte à connaître Allah et à L’aimer. »
La question essentielle est donc : comment réagir face à l’épreuve ? La bonne gestion de l’épreuve repose sur trois grands piliers :
Le premier, la belle patience (As-Sabr al-Jamîl), c’est-à-dire la patience sans plainte ni agitation, comme l’a dit Yaʿqûb (Jacob), paix sur lui : « [Je ne me plains qu’à Allah] C’est donc une belle patience ! Et c’est Allah dont je recherche le secours. » (Yûsuf, 18). Celui qui est patient préserve son cœur de la contestation, s’apaise par le décret d’Allah et goûte la douceur de la soumission.
Le deuxième, l’agrément du décret et de la prédestination (Ar-Ridâ bi-l-Qadâ’i wa-l-Qadar), un degré plus élevé que la patience. Grâce à lui, le croyant vit une quiétude intérieure, voyant la main miséricordieuse d’Allah derrière chaque décret douloureux. Le Prophète ﷺ a dit : « Quelle merveille que l’affaire du croyant ! Toute son affaire est un bien pour lui… S’il est touché par un bien, il remercie et c’est un bien pour lui, et s’il est touché par un malheur, il patiente et c’est un bien pour lui. » [Rapporté par Mouslim].
Le troisième, l’action et la reconstruction malgré l’épreuve. L’Islam n’appelle ni à l’immobilisme ni au désespoir, mais à transformer l’épreuve en bienfait et l’adversité en motivation pour la réforme. Allah, Le Très-Haut, dit : « Car, vraiment, avec la difficulté, vient la facilité. » (Ach-Charh, 6).
Aucune étroitesse ne vient sans qu’elle porte en elle les germes du soulagement, et aucune obscurité sans qu’elle soit suivie de l’aube de l’espoir.
D’un point de vue psychologique, l’épreuve développe en l’âme une résilience spirituelle (al-Murûnah al-Îmâniyyah). Ainsi, le croyant apprend l’équilibre face aux crises ; il ne s’effondre pas et ne désespère pas, mais affronte les événements avec foi, raison et calme. D’un point de vue social, l’épreuve restaure l’équilibre de la société et renforce les liens de solidarité et de compassion entre ses membres : le riche se tourne vers le pauvre, et le fort ressent la faiblesse du faible, faisant vivre la société par la bienfaisance et la fraternité.
Un sage a dit : « L’épreuve te fait te découvrir toi-même, te rapproche des autres et te relie à ton Seigneur. » Combien de personnes n’ont connu la réalité de leur foi que lorsqu’elles ont été éprouvées, et n’ont goûté la saveur de la proximité d’Allah que lorsque l’épreuve les a touchées.
Parmi les plus grands fruits de l’épreuve, il y a le fait qu’elle purifie le cœur de l’orgueil, élève les degrés et renforce la foi dans la sagesse et le décret d’Allah. Allah, Le Très-Haut, dit : « Et quiconque croit en Allah, [Allah] guide son cœur. » (At-Taghâbun, 11). Certains pieux prédécesseurs ont dit :
« Lorsque le malheur frappe l’homme, il sait qu’il provient d’Allah ; il l’accueille avec agrément et s’incline devant la sagesse de son Seigneur. »
Ainsi, l’épreuve n’est pas la fin du chemin, mais le début d’une nouvelle construction de la foi, un test de maturité dans la conscience, l’agrément et la soumission. Celui qui comprend la sagesse d’Allah dans l’épreuve vit dans la sérénité, voyant dans chaque difficulté une porte vers un bienfait, et dans chaque douleur une occasion de se rapprocher d’Allah. Le croyant vit ainsi dans une quiétude permanente, car il sait que derrière chaque décret se cache une sagesse, et derrière chaque épreuve une miséricorde.
Ô Allah, fais que notre épreuve soit une expiation pour nos péchés et une élévation de nos degrés.
Ô Allah, inspire-nous la patience et l’agrément, et accorde-nous d’avoir une bonne opinion de Toi dans l’aisance et l’adversité.
Ô Allah, fais que nous soyons de ceux qui, lorsqu’ils sont éprouvés, patientent ; lorsqu’ils reçoivent, remercient ; et lorsqu’ils pèchent, demandent pardon.
Et qu’Allah prie, salue et bénisse notre maître Mohammed, ainsi que sa famille et ses compagnons.
Et louange à Allah, Seigneur de l’univers.