Discours du vendredi 25.07.2025 « La gestion prophétique de Médine : sagesse dans la gestion de la pluralité »
Serviteurs d’Allah, L’Hégire inaugura une ère nouvelle dans l’histoire humaine de la péninsule arabique. Les croyants passèrent de la vulnérabilité à l’affermissement, de la persécution à la construction d’une société fondée sur la foi, la justice et l’unité. L’un des traits marquants de cette étape fut la pluralité que connut Médine.
Y coexistaient : les musulmans – émigrés (Muhâjirûn) et auxiliaires (Ansâr) –, les tribus juives de Banû Qaynuqâʿ, Banû an-Naḍîr et Banû Qurayẓa, des hypocrites, ainsi que des polythéistes issus de divers clans. Face à cette diversité, le Prophète ﷺ, par sa clairvoyance et son équité, établit un modèle de coexistence fondé sur des principes divins.
Il considérait cette pluralité comme une réalité sociale et une loi divine à organiser, non à abolir. Il en fit une force au service des intérêts collectifs comme individuels. Il mettait en œuvre la parole d’Allah :
« Et si Allah avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté. Mais Il veut vous éprouver en ce qu’Il vous donne. Rivalisez donc dans les bonnes œuvres. C’est vers Allah qu’est votre retour à tous ; alors Il vous informera de ce en quoi vous divergiez. » (Al-Mâʾida, 48), La divergence fait partie de la nature humaine. Le véritable défi est donc de la gérer et non de la nier.
Pour encadrer cette diversité, le Prophète ﷺ promulgua la Constitution de Médine, qui garantit notamment :
- la justice pour tous,
- la sécurité mutuelle,
- la liberté de culte,
- la solidarité sociale entre toutes les composantes.
On y lit également : Tout différend ou conflit susceptible de provoquer des troubles entre les signataires de ce document sera référé à Allah et à Son Messager Muhammad ﷺ. Allah est le plus attentif à ce que contient cette Constitution et en est le meilleur garant.
Le Prophète ﷺ administra cette pluralité selon les valeurs fondamentales de l’islam : la justice, la liberté, la loyauté et l’union. Le Coran confirme cette orientation : « Allah commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez. » (An-Naḥl, 90) « Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. » (Al-Baqara, 256) « Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. » (Al-Mumtaḥana, 8)
Quant aux croyants, le Prophète ﷺ leur adressa, lors de son premier sermon du vendredi à Médine, un puissant rappel : « Ô gens ! Préparez des œuvres pour vous-mêmes. Par Allah, vous serez frappés d’inconscience (à la mort), puis chacun de vous abandonnera son troupeau sans berger. Ensuite, son Seigneur lui parlera directement, sans interprète ni gardien pour Le voiler : « Mon messager ne t’a-t-il pas transmis [le message] ? Ne t’ai-Je pas comblé de Mes bienfaits ? » Il regardera alors à droite et à gauche sans rien voir, puis devant lui : il ne verra que l’Enfer. Quiconque peut protéger son visage du Feu, ne serait-ce qu’avec la moitié d’une datte, qu’il le fasse ! Et celui qui ne trouve pas, alors par une bonne parole, car elle sera récompensée au décuple, jusqu’à sept cents fois. » Il poursuivit dans un second sermon :
La meilleure parole est le Livre d’Allah. Réussit celui qu’Allah a embelli le cœur [par la foi], l’a fait entrer en Islam après la mécréance et l’a préféré aux paroles des gens. Voilà le plus noble et le plus éloquent des discours.
Aimez celui qu’Allah aime, aimez Allah de tout votre cœur, ne vous lassez pas de Sa parole et de Son évocation, et que vos cœurs ne s’endurcissent pas. Celui qu’Allah choisit et élit, Il a nommé [la foi] Son élite parmi les œuvres, Son élite parmi les serviteurs, et la meilleure des paroles parmi tout ce que les gens ont reçu en termes de licite et d’illicite.
Adorez Allah sans rien Lui associer, craignez-Le comme Il mérite d’être craint, soyez sincères envers Allah dans vos paroles, et aimez-vous dans l’esprit d’Allah entre vous. Allah se courrouce lorsque Son pacte est rompu. »
Ces deux sermons nous offrent cinq enseignements majeurs :
1. La demeure vers laquelle il faut aspirer, s’accrocher et appartenir, en orientant toute passion vers elle, est l’Au-delà : « Pour ceux qui font le bien, il y aura une belle récompense ici-bas, mais la demeure de l’Au-delà sera bien meilleure. Quelle excellente demeure pour les pieux !» (An-Nahl, 30). Aucun attachement tribal pour les Aws, les Khazraj, Quraysh ou quiconque… Tout cela disparaîtra et prendra fin (Par Allah, vous serez frappés d’inconscience, puis chacun de vous abandonnera son troupeau sans berger…).
2. L’Au-delà et le jugement devant Allah (Préparez [des œuvres] pour vous-mêmes) : La foi en l’Au-delà est le premier moteur pour tous, surtout pour ceux qui ne connaissent pas les lois de l’histoire et les conséquences terrestres.
3. Qu’as-tu fait des bienfaits d’Allah ? Tu as une obligation de solidarité, ne serait-ce qu’avec une demi-datte (Quiconque peut protéger son visage du Feu, ne serait-ce qu’avec la moitié d’une datte, qu’il le fasse ! Et celui qui ne trouve pas, alors par une bonne parole). La bonne parole unit les cœurs et rassemble les différentes composantes en une entité soudée par l’amour d’Allah et de Son Messager.
4. Se protéger par le Coran (La meilleur parole est le Livre d’Allah… Aimez Allah de tout votre cœur, ne vous lassez pas de Sa parole et de Son évocation, et que vos cœurs ne s’endurcissent pas).
5. Faire sortir les gens de l’adoration des serviteurs à l’adoration du Seigneur des serviteurs (Adorez Allah sans Lui associer quoi que ce soit, craignez-Le comme Il mérite d’être craint, soyez sincères envers Allah dans vos paroles, et aimez-vous par l’esprit d’Allah entre vous. Allah s’irrite lorsque Son pacte est rompu).
Que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur notre maître Muhammad et sur sa famille.