Discours du vendredi 08.03.2024 : Je les ai traités avant toi de la façon la plus intense
Une histoire, une situation, je devrais dire, m’a été contée par un ami : Voilà, plus de deux décennies, me dit-il, un groupe de personnes, ayant en commun, la passion du travail caritatif, avait décidé de créer une association, de mener des activités associatives allant de la création d’une mosquée jusqu’à la mise en place d’actions culturelles et humanitaires… Après un périple d’engagement, ils ont concrétisé leur projet. Des années sont passées, et ainsi, il y a eu changement de Président de l’association, mais un différend entre les membres de l’association et le nouveau Président a eu lieu. Ce différend a, hélas, été étalé au su et au vu de tout le monde.
Mon ami me précisa qu’un jour ayant assisté à des échanges autour de ce différend, a décidé d’intervenir et d’user de ses relations de bonne entente avec l’ensemble du groupe pour désamorcer la situation, pour aider le groupe à retrouver l’entente et l’envie d’aller de l’avant. Ainsi, il a pris la décision d’adhérer à l’association et d’être un membre actif. Il me souligna que ses amis étaient tous bénévoles ne cherchant à travers leur engagement qu’être récompensés par le Très-Haut, loin de tout intérêt matériel, leur seul souci est de protéger l’acquis et d’œuvrer afin d’obtenir ce qui pouvait améliorer le fonctionnement de l’association.
Ils étaient les meilleurs exemples dans l’accomplissement des bonnes actions,
Ainsi, me dit-il, Il ne m’était pas facile d’accepter l’idée de voir leur différend prendre de l’ampleur au sein d’un milieu censé être, selon moi, le terreau de la bonne entente, de la bonne action, de la purification, de l’exemplarité, loin de l’égoïsme ou de l’intérêt personnel.
Ce que j’ai vu et entendu durant mes tentatives de réconciliation entre les parties du conflit m’a beaucoup attristé et m’a, découragé de l’action de bénévolat. J’ai, pourtant, contribué avec le reste des membres à rétablir la situation et de procéder à un rapprochement entre les parties en litige.
Après tant de tentatives, j’ai décidé de quitter cette atmosphère, car, mes attentes nobles, peut être rêveuses et idéalistes du monde du bénévolat me semblait en contradiction totale avec cet incident qui me paraissait inimaginable et incroyable : comment, suite à un simple désaccord, une personne ose-t-elle s’agripper à son point de vue, même si cela est nuisible au bon fonctionnement de l’association ?
Au fil du temps, il m’est apparu clairement que j’étais le seul à avoir tort parmi les personnages de l’histoire, le plus éloigné de la justice et de la réalité et le plus têtu.
L’association n’est rien d’autre qu’une activité humaine dans laquelle les gens travaillent avec leur nature, leurs faiblesses, leurs sentiments, leurs perceptions, leurs échecs et leurs émotions, ils ne se transforment pas en une nature angélique lorsqu’ils entrent dans le domaine du bénévolat et ne sont pas obligés de le faire.
Oui, ils luttent eux-mêmes, mais ils trébucheront inévitablement à nouveau et leur force leur fera défaut dans de nombreuses situations.
Ce n’est pas de la miséricorde et de la justice d’amplifier leurs erreurs, ni d’être choqué par leur comportement, ni même d’effacer les montagnes de bonté dans leurs âmes à cause des épines sur leurs pentes.
Ô combien, J’avais tort quand j’imaginais que le don et le bénévolat pouvaient me faire entrer dans un espace spirituel dans un paradis terrestre de sérénité, de tranquillité et de pureté, et que je vivrais dans un Paradis anticipé de confort et de passion illimitée, et que tous les partenaires avaient abandonné leur nature devant les portes des associations caritatives et qu’ils se sont présentés avec des âmes sacrées dignes pour cet endroit.
J’ai essayé de m’enfuir parce que j’étais égoïste, à la recherche d’un jardin de délice où je me réjouis, quittant ainsi le milieu de la fatigue, de la patience, de la douleur, de l’anxiété, de la colère, de l’échec et de l’amertume.
Ce rapprochement entre nos adorations et la recherche d’un repos immédiat pourra être une condition qui nous alimente pour continuer, dans l’ignorance quant au sens de l’affliction qu’Allah a décrété dans la vie.
J’entre à la mosquée pendant le Ramadan, je trouve un endroit merveilleux et tranquille, se présente l’imam dont la psalmodie me plait beaucoup, je commence à prier en me souhaitant un vol spirituel vers le ciel.
Un enfant à proximité crie et continue à pleurer, ou un fidèle vient s’enfoncer dans un endroit étroit entre moi et celui qui prie à côté de moi, ou un fumeur qui vient d’éteindre sa cigarette se place à côté de moi pour prier.
Encore une fois à Arafa, et dans un moment de spiritualité, votre invocation est interrompue par un appel de quelqu’un pour discuter avec toi… Tout cela n’est pas une coïncidence ou un évènement anarchique, mais pour vous dire ici c’est la fatigue, et le Paradis est là-bas… Là, et après plusieurs décennies, j’ai pu constater avec l’aide d’Allah que l’adoration consiste à poursuivre au milieu de toute cette atmosphère de fatigue.
On dirait que je lis pour la première fois le Hadith du Prophète (BPSL) qui a dit : « le croyant qui fréquente les gens et se montre endurant face à leur mal et meilleur que celui qui ne fréquente pas les gens et ne se montre pas endurant quant à leur mal » (Al-Boukhari dans son ouvrage Al-Adab Al Moufrad)
Mariam la mère du prophète Aïssa – Que la paix soit sur lui – était sereine lorsqu’elle adorait dans le mihrab dans un monde de tranquillité, de pureté et d’éloignement de tous les ennuis de la vie, et dont les moyens de subsistance viennent à elle sans calcul.
Mais l’adoration l’a fait sortir du mihrab et l’a amenée à la vie pour faire face aux accusations, aux impiétés et aux visages des méchants.
Le bénévolat n’est pas un lieu de loisirs ou de détente de l’âme… C’est plutôt un entêtement, une souffrance, une pénibilité, des douleurs et une persévérance de l’âme pour faire face à la vie à travers toutes ses couleurs.
Vous préférerez peut-être avoir un moment tranquille dans votre bureau ou votre mihrab plutôt qu’une réunion turbulente avec un employé dans le cadre d’une action caritative ou d’un travail bénévole, mais la sérénité spirituelle n’est pas le critère de préférence… Le critère de préférence est la révélation. « Certes vous serez éprouvés dans vos biens et vos personnes ; et certes vous entendrez de la part de ceux à qui le Livre a été donné avant vous, et de la part des Associateurs, beaucoup de propos désagréables. Mais si vous êtes endurants et pieux… voilà bien la meilleure résolution à prendre. » (Al-Imran 186) « Et Nous savons certes que ta poitrine se serre, à cause de ce qu’ils disent. Glorifie donc Ton Seigneur par Sa louange et sois de ceux qui se prosternent et adore ton Seigneur jusqu’à ce que te vienne la certitude. » (Al-Hijr 97-99)
Mon ami me raconte encore : J’ai essayé de revoir la Sira du Messager d’Allah (BPSL) et comment il a goûté à toutes sortes de fatigues au point de prononcer sa parole célèbre, à destination à Allah : « … Si tu n’es pas en colère contre moi, alors je ne me soucie guère, mais c’est bien ton intégrité qui m’est important… »
Et je me suis souvenu des paroles de Moussa (que la paix soit sur lui) dans le Sahih de Boukhari et Muslim, la nuit de l’ascension, lorsqu’il rencontra notre Prophète Mohamed (BPSL) et qu’il lui dit : « Qu’as-tu reçu comme ordre ? » le Messager d’Allah (BPSL) a dit : « J’ai reçu l’ordre d’accomplir cinquante prières par jour », il a dit : Votre communauté ne pourra pas accomplir cinquante prières par jour. Par Allah, j’ai traité avec les gens avant toi, et j’ai traité avec les fils d’Israël de la façon la plus intense, alors retourne vers ton Seigneur et demande-Lui l’allègement pour ta communauté.
Mon ami m’a dit : Je me suis arrêté à l’expression (et j’ai traité avec les fils d’Israël avant toi de la façon la plus intense), j’ai traité avec eux, j’ai agi dans leur milieu et j’ai reçu de leur part une résistance lors de l’appel à l’obéissance.
Le traitement de la façon la plus intense : Quelle expression prophétique qui résume toutes les douleurs du parcours et illumine ses ténèbres.
Le traitement de la façon la plus intense : devrait accompagner les éducateurs, des prédicateurs et des travailleurs dans tous les domaines caritatifs ou bénévoles.
Que la prière et la bénédiction d’Allah soient sur notre Prophète Bien-aimé et sur son foyer