Discours de la prière de l’Aïd AL-Fitr

Louange à Allah, Le Créateur de l’Univers par Sa sagesse et Sa Majesté, ainsi que les preuves de Son unicité. Suivez l’appel d’Allah qui mène au Paradis, Il vous pardonne vos pêchés et vous couvre de Sa miséricorde, Louange à Lui pour Sa Majesté et Ses attributs, louange à Lui pour Sa guidance et Ses bienfaits, j’atteste qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah, Seul et Unique et j’atteste que Mohammad est Son Serviteur et Messager, envoyé à l’ensemble de l’humanité, en bon annonciateur et en bon avertisseur, que la prière et le salut d’Allah soient sur lui et sur l’ensemble de ceux qui ont suivi sa tradition.

Chers croyants, le Messager d’Allah (BPSL) a recommandé à l’ensemble des croyants, grands et petits, hommes et femmes, de sortir pour accomplir la prière de l’Aïd afin d’assister en groupe, de participer au bien et de bénéficier des invocations des croyants. Oum Atia – qu’Allah l’agréée – a dit : Le jour de l’Aïd, le Prophète (BPSL) faisait sortir l’ensemble des gens pour la prière, y compris les jeunes filles et les femmes ayant leurs menstrues, ces dernières s’abstenaient certes, de prier et assistent au rite et aux invocations des croyants[1]. Personne ne manquait à cet évènement parmi les compagnons du Messager d’Allah – qu’Allah les agréés – de surcroît le Prophète (BPSL) ne l’a jamais délaissé.

Allah a instauré la prière de l’Aid al-Fitr pour les croyants afin qu’ils se rassemblent pour l’invoquer et le louer, pour renouveler leurs efforts et de poursuivre le parcours jusqu’au terme déterminé, tout en restant attachés à la religion de l’Islam. Assister à la prière de l’Aïd est une chance pour renforcer la foi, une occasion pour la tolérance et le pardon, pour se réunir et rattraper ce qu’on a délaissé par mégarde, pour se pardonner mutuellement nos conflits, s’entraider pour le bien et la piété, dans l’espoir que notre Seigneur nous couvre de Sa miséricorde, nous pardonne et nous apporte l’unité, Il est certes Audient, Celui qui exauce les prières. Le vivre ensemble est la noble finalité visée par l’Islam, c’est pourquoi, il est important de partager la fête de l’Aïd avec tout le monde, la joie est à partager avec tous les citoyens. D’année en année, on voit se mettre en place des Iftar ouverts à tout le monde, véritable moment de retrouvaille et d’interconnaissance. Ainsi l’Aïd c’est aussi un moment de rencontre, de partage et d’interconnaissance. Pour ce faire, il convient d’insister sur l’importance du respect et de l’apprentissage des dix principes suivants[2] :

1. Admettre l’unicité de l’origine humaine, car, Allah, L’Exalté a créé l’ensemble des gens de la même origine et dit : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand Connaisseur. » (Al-Houjourat 13) cette reconnaissance quant à l’unicité de l’origine humaine impose l’égalité entre tous les gens sur la considération d’humanité et de dignité.
2.  Respecter la dignité humaine et les droits de l’homme. Tous les gens sont égaux et il n’est, en aucun cas, permis d’agresser qui que ce soit, de quelque origine que ce soit, ou de le bafouer dans sa dignité ou de le priver de ses droits. Le Très haut dit : « Certes, Nous avons honoré les fils d’Adam. Nous les avons transportés sur terre et sur mer, leur avons attribué de bonnes choses comme nourriture, et Nous les avons nettement préférés à plusieurs de Nos créatures. » (Al-Isra 70). Si ce droit à la dignité est valable en étant vivant, il l’est aussi en cas de décès, car, après sa mort, l’homme ne perd pas son droit à la dignité vu que son âme est sacrée, de son vivant ou après sa mort. Un cortège funéraire est passé près du Prophète (BPSL) qui s’est levé, on lui a dit alors : il s’agit des funérailles d’un juif. Il a répliqué : n’est-ce pas une âme ? (Convenu pas consensus)
3. Agir avec justice, bienséance et bonne moralité, loin de l’injustice et de l’oppression. Se conformer à ce qui peut rassembler les différents membres de la société. Le Tout Puissant dit : « Certes, Allah commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il vous exhorte afin que vous vous souveniez. » (An-Nahl 90)
4. Respecter les pactes et les engagements, car, ceci incite à la confiance et la tranquillité entre l’ensemble des parties, contribuant à la stabilité de la vie et le maintien des droits. Le Très Haut dit : « O les croyants ! Remplissez fidèlement vos engagements. » (Al-Ma’ida 1) Il dit aussi : « Et remplissez l’engagement, car on sera interrogé au sujet des engagements. » (Al-Isra 34). Le Prophète (BPSL) a dit : « Pas de croyance pour celui qui ne respecte pas le dépôt, et pas de religion pour celui qui ne tient pas son engagement » (Rapporté par Ahmed).
5. S’entraider pour réaliser la bonne citoyenneté, repousser le danger qui peut affecter la société et préserver l’environnement, car, ceci comporte une preuve manifeste quant à l’importance de veiller sur le bon vivre ensemble et d’utiliser tous les moyens qui le garantissent. Le Plus Connaisseur dit : « Entraidez-vous dans l’accomplissement des bonnes œuvres et de la piété et ne vous entraidez pas dans le péché et la transgression » (Al-Ma’ida 2)
6. Soutenir la diversité, la liberté de culte et d’adoration, ce qui fait partie de la confirmation du droit à la différence qui permet à tout un chacun de vivre en toute confiance et en toute sécurité la croyance qui l’aurait choisie. L’Exalté dit : « Nulle contrainte en religion » (Al-Baqara 256). La liberté de culte et de la pratique religieuse dans ses différents aspects fait partie de ce qu’il faut protéger dans le cadre général des lois. Aucune personne ne doit être privée de son droit aux rites de sa religion, il est du droit, donc, des musulmans comme il l’est pour les autres de s’y maintenir mais loin de tout concept de provocation ou d’atteinte au droit et aux libertés d’autrui.
7. Opter pour le dialogue dans la communication et la résolution des problèmes, car c’est la meilleure méthode qui invite les esprits à se réunir autour de la vérité, et c’est ce qui est confirmé dans le Saint Coran dans de nombreux versets et dans de nombreuses circonstances consigné par les prophètes avec leurs peuples, à commencer par Ibrahim – que la paix soit sur lui – le modèle suivi dans les trois livres révélés, et c’est ce qu’Allah a recommandé à son Messager (BPSL), à savoir, le bon dialogue : « Et discute avec eux de la meilleure façon. » (Al-Nahl 125)
8. Œuvrer dans la voie qui réalise la réconciliation et la sérénité sociale, la bonne communication, la miséricorde et le respect réciproque repoussant l’extrémisme et la violence et appellant au bien, et à la réalisation des finalités et objectifs sociaux. Le Messager d’Allah (BPSL) a dit : « la gentillesse ne fait qu’embellir les actions, à l’inverse, son défaut rend les actions l’aide » (rapporté par Muslim). Il a dit aussi à Mouad Ibn Djabal et Abou Moussa Al-Achari’ : « facilitez les choses et ne les compliquez pas, réconciliez les gens par la bonne nouvelle et ne les diviser pas, soyez unis et ne laissez pas la divergence s’installer entre vous » (convenu par consensus). Il a dit aussi : « Récompensez celui qui vous rend un service » (rapporté par Abou Daoud)
9. Respecter les sacralités, ne pas les violer, ne pas les mépriser ou en porter atteinte, car, même en temps de guerre, le Messager d’Allah (BPSL) recommandait à ses soldats de respecter les sacralités et les lieux de culte, il interdisait toute atteinte aux prêtres, moines, personnes âgées, femmes et enfants, et de ne pas violer la sacralité des lieux, comme cité dans la célèbre charte du Calife Omar aux Palestiniens, afin de renforcer le respect mutuel et le vivre ensemble, loin de toute provocation et animosité, ainsi que tout ce qui peut déclencher la haine entre les peuples et les individus dans la société. Allah, L’Exalté dit : « O vous qui avez cru ! Qu’un groupe ne se raille pas d’un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu’eux. Et que des femmes ne se raillent pas d’autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu’elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets injurieux. Quel vilain mot que perversion lorsqu’on a déjà la foi. Et quiconque ne se repent pas… Ceux-là sont les injustes » (Al-Hujourat 11)
10. Rejeter tout ce qui peut mener à la violence, l’extrémisme ou le terrorisme. La violence verbale et comportementale est répréhensible conformément aux règlements et aux lois, car, Allah a interdit toute atteinte à l’âme, toute injustice et toute agression « Dis : « Mon Seigneur n’a interdit que les turpitudes, tant apparentes que secrètes, de même que le péché, l’agression sans droit » (Al-Araf 33) L’Exalté dit aussi : « quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. » (Al-Ma’ida 32). Le Tout Puissant dit aussi : « Et ne semez pas la corruption sur la terre après qu’elle ait été réformée. Et invoquez-Le avec crainte et espoir, car la miséricorde d’Allah est proche des bienfaisants. » (Al-Araf 56)

J’implore le pardon d’Allah pour vous et moi, qu’Allah agréé nos actions, nous L’implorons, car, c’est Lui L’Exalté, Le Très Haut qui mérite d’être loué, c’est Lui Le Pardonneur, Le Généreux. Seigneur, aide-nous à se maintenir sur le droit chemin, loin de Ta désobéissance et Ta colère, fait de nous des gens qui jouissent de Ta miséricorde et de Ta générosité, certes, Tu es Le plus Généreux. Seigneur, fais de ce pays un lieu de sécurité, et fais que les gens y vivent en sérénité, Seigneur, fais que chaque citoyen, résident et visiteur de ce pays, soit un messager du bien et de la sureté, Tu es certes Le Seigneur de l’Univers et Le Tout Miséricordieux.

Que Ta prière, Seigneur, soit sur tout Messager que Tu as envoyé avec la vérité, en annonciateur et avertisseur

[1] Sahih Muslim et autres

[2] La charte des principes du vivre ensemble établi par le Conseil Européen de Fatwa et des recherches, décision 25/1 du 06-10 octobre 2015